Les principales notions de versification à connaître en fin de 3e
I. Le vers
Les vers courts :
1 syllabe : monosyllabe
2 syllabes : disyllabe
3 syllabes : trisyllabe
4 syllabes : tétrasyllabe
5 syllabes : pentasyllabe
6 syllabes : hexasyllabe
7 syllabes : heptasyllabe
8 syllabes : octosyllabe
9 syllabes : ennéasyllabe
Les vers longs :
10 syllabes : décasyllabe
11 syllabes : hendécasyllabe
12 syllabes : dodécasyllabe ou alexandrin
"di, tri, tetra, penta, hexa..." sont des préfixes grecs cardinaux. Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pr%C3%A9fixe_num%C3%A9rique
Les vers pairs :
Ce sont les vers composés de 2, 4, 6, 8, 10, 12 syllabes, …
exemple :
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, (12 syllabes)
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends. (12 syllabes)
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne. (12 syllabes)
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. (12 syllabes)
Les vers impairs :
Ce sont les vers composés de 1, 3, 5, 7, 9, 11 syllabes, …
exemple :
De la musique avant toute chose, (9 syllabes)
Et pour cela préfère l'Impair (9 syllabes)
Plus vague et plus soluble dans l'air, (9 syllabes)
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose (9 syllabes)
Les strophes : groupes de vers séparés entre eux par un espace.
Strophe de 2 vers : distique
Strophe de 3 vers : tercet
Strophe de 4 vers : quatrain
Strophe de 5 vers : quintil
Strophe de 6 vers : sizain
Strophe de 7 vers : septain
Strophe de 8 vers : huitain
Strophe de 9 vers : neuvain
Strophe de 10 vers : dizain
Strophe de 11 vers : onzain
Strophe de 12 vers : douzain
etc.
A noter : lorsqu'il n'y a qu'un seul vers, on parle de "monostiche". ("mono" est un préfixe grec)
Ici, le péfixe "dis" est grec, "ter, quat, quint" sont latins, "siz, sept, huit, neuv, diz, onz et douz" sont d'origine latine mais francisés.
exemple de distique :
Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux formes ont tout à l’heure passé.
exemple de quatrain :
Et quand, solennel, le soir
Des chênes noirs tombera,
Voix de notre désespoir,
Le rossignol chantera.
Diérèse et synérèse
Certains mots peuvent compter une syllabe de plus ou de moins, comme lion (li-on ou lion), diamant (di-a-mant ou dia-mant), fiacre (fi-a-cre ou fia-cre), colorier (co-lo-ri-er ou co-lo-rier), confier (con-fi-er ou con-fier), etc. C'est l'ensemble des vers d'un poème qui permet de savoir si l'on doit compter une ou deux syllabes (de plus) selon les besoins. Si dans un poème constitué d'alexandrins le mot "lion" prononcé en une seule émission donne onze syllabes au vers dans lequel il se trouve, je sais que je dois le prononcer "li-on" pour arriver à douze syllabes.
La diérèse : fait de prononcer certaines syllabes non prononcées en prose.
(On prononce d’habitude “lion” en une seule émission de voix, lorsqu’il y a diérèse on le prononce en deux émissions de voix : “li-on.”)
exemple :
Vous serez au foyer une vieille accroupie, (12 syllabes)
Regrettant mon amour et votre fier dédain. (12 ou 13 syllabes)
Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain : (12 syllabes)
Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie. (12 syllabes)
La synérèse : est l’inverse de la diérèse. ("li-on" > "lion")
Le “e” muet : est un “e” que l’on ne prononce pas et que l’on ne compte pas (ainsi que "es" et "ent" en fin de vers). On ne compte jamais les « e » muets en fin de vers. Au sein d'un vers, le « e » muet suivi d’une voyelle ne se compte pas, le « e » muet suivi d’une consonne se compte.
II. Les rimes
Les rimes (retour d’un même phonème (son) en fin de vers) sont féminines lorsqu’elles se terminent par un “e” muet (“es” au pluriel) et masculines dans les autres cas.
"Gentille, marbre, pierre" sont des rimes féminines, "gentilles, marbres, pierres" aussi.
"Intelligent, fer, écrin" sont des rimes masculines, "Intelligents, fers, écrins" aussi.
Qualité des rimes :
Pauvres = 1 phonème (son) commun (tout/bout), le son " ou " est commun.
Suffisantes = 2 phonèmes (sons) communs (amour/tour), les deux sons " ou - r " sont communs.
Riches = 3 phonèmes (sons) communs minimum (tour/entoure), les trois sons " t - ou - r " sont communs.
Disposition des rimes :
Redoublées = A,A,A,B
Embrassées = A,B,B,A
Alternées (croisées) = A,B,A,B
Plates (suivies) = A,A,B,B
Brisées : les vers riment ensemble par la fin de vers et par la césure.
exemple de rimes embrassées :
Il faut aussi que tu n’ailles point (A)
Choisir tes mots sans quelque méprise : (B)
Rien de plus cher que la chanson grise (B)
Où l’Indécis au Précis se joint. (A)
exemple de rimes brisées (très rare) :
Par les plus grands forfaits j'ai vu troubler la terre.
Sur le trône affermi, le roi sait tout dompter.
Dans la publique paix l'amour seul fait la guerre :
C'est le seul ennemi qui soit à redouter."
III. Le rythme
La césure : pause rythmique au milieu d’un vers (//).
Je ne regarderai // ni l’or du soir qui tombe,
6 6
Les coupes secondaires : plusieurs pauses rythmiques au sein d’un vers (/).
J’irai / par la forêt, // j’irai / par la montagne
2 4 2 4
L’hémistiche : chacune des deux parties d’un vers séparée par la césure.
Je ne regarderai // ni l’or du soir qui tombe,
Hémistiche 1 Hémistiche 2
L’enjambement : la phrase d’un vers se poursuit sur le vers suivant sans ponctuation (, ; ? !). Il peut occuper un vers complet.
A chaque fois qu’il y buvait
Ses yeux se remplissaient de larmes,
Le rejet : court élément de phrase placé en début de vers mais qui appartient pour le sens au vers précédent.
Et dès lors, je me suis baigné dans le poème
De la mer, infusé d’astres et lactescent
Le contre-rejet : court élément de phrase placé en fin de vers, mais qui appartient pour le sens au vers suivant.
Souvenir, souvenir que me veux-tu ? L'automne
Faisait voler la grive à travers l'air atone
IV. Figures de style
Les allitérations et les assonances : ce sont deux figures de style qui jouent sur la sonorité des mots et permettent souvent de produire un effet d'imitation sonore. On les rencontre généralement dans le théâtre en vers et la poésie.
Une allitération est la répétition d'un même son consonne ; une assonance est la répétition d'un même son voyelle.
Exemple d'allitération :
Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?
Dans ce vers, l'allitération en [s] imite le sifflement des serpents.
Exemple d'assonance :
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Dans ce vers, l'assonance en [u] > "ou" accompagne l'idée de fuite du temps et de nostalgie des amours perdues.