Il est 16h30 en cette veille de la Toussaint, dans le cimetière du petit village, des couples vont et viennent, ils ont presque tous les âges.
Ils portent une plante, voire deux ou trois. Ils vont sur une tombe ou sur plusieurs. Ils parlent avec des gens qu’ils connaissent de la pluie et du beau temps, de la maladie de l’un, du mariage de l’autre ou passent sans dire un mot.
Certains font vite, d’autres prennent le temps.
Ils déposent leurs fleurs, font un signe de croix, prient ou pas, enlèvent quelques feuilles mortes, arrosent s’ils en ont le cœur et puis repartent, heureux d’avoir accompli un devoir.
Un devoir ? Non, ce n’est pas obligatoire d’apporter des fleurs sur une tombe pour le 2 novembre, mais beaucoup le font. Leurs grands-parents, puis leurs parents le faisaient avant eux, alors pourquoi pas ?
Aujourd’hui, ceux qui achetaient autrefois des chrysanthèmes ou des cyclamens sont sous la pierre… Et un jour… ce sera nous. Le temps passe.
Dans quelques semaines, dans quelques mois, sur certaines tombes, les fleurs seront séchées, mortes, parce que personne ne sera venu enlever les pots. Certains viennent de très loin pour le jour des défunts, d’autres ont mieux à faire ou ont encore oublié…
Pourquoi offrir des fleurs à un mort ? Parce qu'on sait que son âme est vivante et on pense que le mort nous voit faire et qu’il en est heureux. On veut faire plaisir. On le fait depuis plus de mille ans !
Par ce jour consacré aux défunts, l'Église signifie aussi que la mort est une réalité qu'il est nécessaire et possible d'assumer puisqu'elle est un passage à la suite du Christ ressuscité. Cette journée est pour les chrétiens l'occasion d'affirmer et de vivre l'espérance en la vie éternelle donnée par la résurrection du Christ.
L'Evangile de la messe du jour de prière pour les défunts rappelle ces propos du Christ :
« Tous ceux que le Père me donne viendront à moi ; et celui qui vient à moi, je ne vais pas le jeter dehors. Car je ne suis pas descendu du ciel pour faire ma volonté, mais pour faire la volonté de celui qui m'a envoyé.
Or, la volonté du Père qui m'a envoyé, c'est que je ne perde aucun de ceux qu'il m'a donnés, mais que je les ressuscite tous au dernier jour. Car la volonté de mon Père, c'est que tout homme qui voit le Fils et croit en lui obtienne la vie éternelle ; et moi, je les ressusciterai au dernier jour. » (Jean 6, 37-40)
Rendre hommage aux morts, c’est aussi prendre conscience des vivants. Il est parfois plus facile de passer un moment devant une tombe, se rappelant de tous les moments partagés, que de passer quelques minutes avec un frère, une sœur, des parents ou des grands-parents. Pourtant, il faudrait en profiter tant qu’ils sont vivants !
Pensons à toutes ces personnes vivantes qui pour nous sont comme mortes parce que nous ne les voyons jamais, nous ne les appelons jamais, nous ne songeons que rarement à elle.
Que la commémoration des défunts nous rende encore plus respectueux et proches des vivants.